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La quasi-totalité des femmes enceintes sont contaminées par au moins un polluant organique

Une étude nationale a évalué pour la première fois le niveau d’exposition des femmes enceintes aux polluants organiques. Les résultats ont révélé que presque toutes les femmes enceintes étaient contaminées par une ou plusieurs de ces substances potentiellement dangereuses pour la santé de la mère et de l’enfant à naître.

Présents dans certains cosmétiques, l'exposition périnatale aux phtalates pourrait perturber le développement de certains tissus ou organes chez le fœtus, avec des conséquences à l’âge adulte.

On les suspecte d’être dangereux pour la santé et pourtant ils sont encore présents dans notre alimentation et dans de nombreux biens de consommation courants. Le

bisphénol A, les phtalates, les pesticides, les polychlorobiphényles (PCB) sont des polluants organiques qui seraient présents chez presque toutes les femmes enceintes en France.Des niveaux inférieurs à ceux observés dans d’autres étudesCes résultats sont issus du volet périnatal de l’étude ELFE, publié le 6 décembre 2016 par Santé Publique France et demandé par les ministères des Affaires sociales et de la Santé, et de l’Environnement. Les niveaux constatés sont toutefois “globalement inférieurs à ceux observés dans les études antérieures françaises et étrangères“, précise l’étude.Pour parvenir à ce constat, 4 145 femmes enceintes ayant accouché en 2011 ont accepté de donner des échantillons d’urine et de sang, recueillis en maternité. Dans ces prélèvements, 117 biomarqueurs d’exposition à des polluants organiques ont été dosés. Les polluants étudiés étaient le bisphénol A, les phtalates, les pesticides, les dioxines, furanes et PCB. Des substances suspectées d’être des

perturbateurs endocriniens ou des cancérigènes avérés ou suspectés.Les participantes ont également répondu à des questions sur leurs données de santé, leurs consommations et leurs modes de vie. Il s’avère que les résultats de cette étude confirment les sources d’exposition connues aux polluants mesurés : alimentation, tabac, produits d’hygiène et cosmétiques, utilisation domestique de pesticides… L’air intérieur et extérieur est également incriminé.Le bisphénol AAujourd’hui, le bisphénol A est présent dans des emballages alimentaires et peut contaminer les aliments qui s’y trouvent. Il est également présent dans l’air intérieur sous forme de particules volatilisées provenant des équipements et mobiliers. Chez la femme enceinte, l’exposition au BPA peut nuire au “développement du fœtus et entraîner des effets précoces pouvant avoir des conséquences pathologiques à l’âge adulte, signale l’étude.Les phtalatesLes phtalates sont présents dans les emballages alimentaires ou dans des ustensiles de cuisine. La principale source d’exposition est l’ingestion d’aliments riches en matière grasses ayant été en contact avec ces emballages. On peut aussi les retrouver dans

certains cosmétiques, dans l’air et les poussières intérieures. Ils sont classés comme perturbateurs endocriniens, voire comme cancérigènes possibles. “Une exposition prénatale pourrait perturber le développement de certains tissus ou organes, avec des conséquences à l’âge adulte“.Les pesticidesLa France est un des plus importants utilisateurs de pesticides au monde. Ils se retrouvent donc dans notre alimentation, mais aussi dans l’air que nous respirons. L’utilisation domestique des pesticides, pour lutter contre les insectes, est également une source d’exposition. Or, les femmes enceintes exposées à ces substances peuvent accoucher d’un “bébé prématuré ou présentant un faible poids à la naissance”. L’exposition prénatale peut, par ailleurs, “perturber le développement de l’enfant à naître”.Dioxines, furanes, PCBCes substances se retrouvent principalement dans l’alimentation, notamment les produits d’origine animale riches en matières grasses (certains poissons gras, beurre, etc). Les dioxines et les furanes sont classés comme cancérogènes. Les PCB pourraient avoir des “effets délétères sur le système endocrinien et sur la reproduction“.Suite à ces résultats, la ministre de la Santé Marisol Touraine, “demande fermement au Commissaire européen à la santé d’adopter une définition plus contraignante des perturbateurs endocriniens pouvant aboutir notamment à l’interdiction de certaines substances”.L’étude ESTEBAN (étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition) initiée en 2014 devrait prochainement révéler les taux d’imprégnation de la population générale à ces polluants.

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