Les antibiotiques, trop automatiques, menacent la santé mondiale
La consommation mondiale d’antibiotiques a augmenté de 65% entre 2000 et 2015, dopée par une utilisation qui explose dans les pays à revenu intermédiaire et faible mais qui représente une menace pour la santé mondiale, ont rapporté des chercheurs.
"30% de l'utilisation dans les pays à haut revenu est inappropriée"
La résistance aux antibiotiques est une menace mondialeCar ces experts rappellent dès le début de leur rapport que “la résistance aux antibiotiques, entraînée par la consommation d’antibiotiques, est une menace croissante pour la santé mondiale“.Publiée lundi dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), cette étude, fondée en partie sur des projections, donne le tournis : “La consommation globale totale d’antibiotiques en 2015 était estimée à 42,3 milliards de doses quotidiennes déterminées“. Dans les 76 pays étudiés, l’absorption d’antibiotiques est passée de 21,1 milliards de doses quotidiennes déterminées en 2000 à 34,8 milliards en 2015.L’accès aux antibiotiques essentiel pour certains pays Corrélé à l’augmentation de leur Produit intérieur brut (PIB), le niveau de consommation d’antibiotiques a particulièrement augmenté dans les pays à revenu intermédiaire ou faible (LMIC): +114% en 16 ans, pour atteindre 24,5 milliards de doses quotidiennes déterminées. Pour Eili Klein, chercheur au Center for Disease Dynamics, Economics & Policy et l’un des auteurs de l’étude, cette augmentation signifie “un meilleur accès à des médicaments nécessaires dans des pays avec beaucoup de maladies qui peuvent être traitées efficacement avec des antibiotiques“. Dans ces pays, l’accès aux antibiotiques surpassent nettement les risques d’une possible résistance.Mais le chercheur avertit : “Alors que de plus en plus de pays obtiennent l’accès à ces médicaments, ces taux (de consommation) augmenteront (…) ce qui conduira à des taux plus élevés de résistance” aux antibiotiques. Or, cette résistance des bactéries est responsable de 700.000 morts par an dans le monde selon un groupe d’experts internationaux formé en 2014 au Royaume-Uni. 77% d’augmentation de consommation à faible revenuLa consommation est plus faible pour les pays à haut revenu (HIC), avec 10.3 milliards de doses quotidiennes. Et entre 2000 et 2015, la hausse n’a été que de 6%. Le taux de consommation pour 1.000 habitants et par an reste bien plus élevé dans les pays à haut revenu. Mais en 16 ans, ce taux a augmenté de 77% pour les pays à revenu intermédiaire ou faible, tandis qu’il a diminué de 4% pour les pays riches.Et certains pays LMIC ont dépassé le taux de consommation d’antibiotiques de pays à haut revenu. En 2015, la Turquie, la Tunisie, l’Algérie et la Roumanie faisaient ainsi partie des six pays aux taux de consommation d’antibiotiques le plus élevé, alors qu’en 2000, les cinq premiers appartenaient tous à la catégorie des pays à haut revenu.Autre exemple, en 16 ans, la consommation d’antibiotiques a doublé en Inde, a augmenté de 79% en Chine et de 65% au Pakistan. Ces trois pays sont les plus gros utilisateurs d’antibiotiques parmi les pays LMIC.Au contraire, la hausse n’a été que marginale dans les trois pays leaders de la consommation dans les nations à haut revenu, les Etats-Unis, la France et l’Italie, explique l’étude.Réduire les consommations inutiles d’antibiotiquesLes chercheurs tirent la sonnette d’alarme pour l’avenir : “Les projections de la consommation globale d’antibiotiques en 2030, présumant aucun changement de politique, sont jusqu’à 200% supérieures aux 42 milliards de doses quotidiennes déterminées en 2015“.”Eliminer cette utilisation inutile (des antibiotiques) devrait être une première étape et une priorité pour chaque pays“, confie à l’AFP Eili Klein. “30% de l’utilisation dans les pays à haut revenu est inappropriée“, renchérit-il, ajoutant que la consommation considérable d’antibiotiques chez certains pays LMIC suggère également qu’un usage inadéquat y en est fait. La résistance aux antibiotiques pourrait causer dix millions de décès par an d’ici à 2050, rapportait une récente étude britannique.”Il est nécessaire de repenser radicalement les politiques de réduction de la consommation d’antibiotiques, notamment en améliorant l’hygiène, la vaccination et l’accès à des outils de diagnostic pour prévenir les utilisations inutiles et réduire le fardeau des maladies infectieuses. Bien que d’autres études soient nécessaires pour comprendre les risques d’une réduction radicale de la consommation, des stratégies immédiates sont nécessaires pour réduire la mortalité parmi les millions de personnes qui meurent des infections résistantes chaque année” concluent les auteurs.La résistance aux antibiotiques est certes une menace (plusieurs rapports de l’OMS l’on confirmé) mais on comprend bien que la stratégie liée à leur bonne utilisation ne peut s’appuyer sur les mêmes ressorts quand du côté des pays à faible revenu, l’accès aux antibiotiques permet de sauver des vies et du côté des pays riches, leur utilisation est trop souvent inappropriée. De plus, au-delà de la consommation médicale des antibiotiques, l’émergence des résistances est également liée dans les pays développés à des modes de production intensif : en Europe,
l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire est près de deux fois plus importante qu’en médecine humaine, et de plus en plus d’indices permettent de lier l’émergence de résistance aux antibiotiques dans les animaux d’élevage et chez l’homme.Click Here: cheap rugby league jerseys